Un phare dans l'océan

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Rencontre avec une personne de l’OCDE (Julien Bourlon)

Rencontre avec une personne de l’OCDE


Avant d’aller à Uluru, j’avais rendez-vous avec une personne de l’OCDE dans un grand immeuble de Melbourne. Son immense bureau au 38eme étage, l’amoncellement des dossiers sur son bureau gigantesque et son costume de qualité étaient autant de preuves qu’il avait un poste important. Je ne connaissais pas son grade et il m’expliqua simplement qu’il travaillait pour instaurer les règles auxquelles sont soumises les entreprises disposant d’un monopole. Il participait donc à la régulation de l’économie et avait un bagage économique impressionnant. Je profitais de notre rencontre qui dura une heure pour lui expliquer le model économique de Hope, mon monde virtuel. Ce néo-zélandais, assez grand, était flegmatique comme beaucoup d’anglo-saxon pourtant je réussissais à le faire sortir de ses gons lorsqu’il me disait « I totally don’t agree with you ». Deux choses l’agaçaient : il n’avait pas de temps à perdre et d’après lui, mes vues économiques étaient d’un autre âge. Pour lui, elles avaient déjà été testées et systématiquement, elles s’étaient terminées en échec. Il me dit clairement « It will never work ».

J’apprécie énormément de rencontrer des gens qui ne pensent pas comme moi surtout quand ils ont une expertise dans un domaine et c’était le cas de cet homme en économie. Je lui demandais comment il pensait résoudre l’appauvrissement des classes moyennes dans les pays développés. En effet, la nouvelle donne économique à Hope ne vise qu’à une chose : redistribuer équitablement (donc absolument pas de manière égalitaire) les richesses créées par les entreprises pour que les classes moyennes profitent au même titre que les autres de la croissance mondiale. Nous étions d’accord sur certains points : le libéralisme est le système économique qui crée le plus de richesse, les classes moyennes s’appauvrissent et que la richesse créée par la mondialisation est accaparée par un nombre restreints de personnes. Pour lui ce n’était pas la faute du système qui est le meilleur possible car tout le monde peut acheter des actions d’entreprises et toucher des dividendes. Je lui expliquais comment avec le système des filiales ont peut avoir une maison mère avec 50 employés qui récupère la richesse produite par les 50 000 salariés des filiales… et là il ne voyait pas de problème ! Effectivement, il n’y avait pas de problème légal… mais franchement, ce n’est quand même pas très équitable pour les 50 000 personnes à qui on vole une partie des bénéfices de leur filiale (et donc leur bonus) pour nourrir des patrons dans une maison mère qui n’ont rien fait pour créer cette richesse !

Il était contre ma création d’une monnaie à l’intérieur de l’Europe mais je me suis rendu compte que l’on ne s’était pas compris. Il pensait que la France dans son ensemble allait sortir de l’Euro alors que dans ma fiction, la France reste dans l’euro et Hope dispose de sa propre monnaie. Quand je me suis fait comprendre en lui expliquant que Hope était comme une petite Chine à l’intérieur de la France avec les européens qui faisait la conception des routes, des installations et que les hopiens faisaient le travail de réalisation, il ne trouva pas d’argument contre mais je voyais bien que cela le chiffonnait. C’est à ce moment qu’il me parla du coût de la vie sur lequel nous n’étions absolument pas d’accord. D’après lui, le coût des choses dépend de la productivité du pays. Ainsi un allemand ou un français ont un bon pouvoir d’achat car ils travaillent de manière efficace. Je suis d’accord sur la théorie qui est évidente : un homme qui produit des marchandises pour une valeur de 5000 euros par mois, dispose d’un pouvoir d’achat de 5000 euros alors que celui qui produit pour 200 euros, disposera d’un pouvoir d’achat de 200 euros. Nous étions d’accord pour remarquer l’importance de la productivité. Pourtant l’expérience me montre tous les jours le contraire. Je faisais remarquer que je payais un coca 50 fois moins cher en Ethiopie qu’en France, de même pour le logement, les transports, mes loisirs… Les prix des hôtels seraient différents à cause du prix du sol qui n’est pas le même. C’est un des critères incontestables puisqu’il explique qu’un hôtel à Paris est plus cher qu’en province mais ce n’est pas le seul… Après avoir passé en revue les transports et les ordinateurs, il me dit qu’effectivement les entreprises abusent en vendant beaucoup trop cher leurs produits en Europe… Et voila que l’on arrive au point qui fait mal ! La concurrence qui devrait nous garantir d’acheter toujours au meilleur prix, ne fonctionne pas. Lui-même avoue que l’on paie plus cher car les entreprises cherchent à optimiser leur marge et que finalement la concurrence parfaite n’existe pas. Quand je veux faire mes courses à Paris, je vais au Monoprix car je n’ai pas envi de faire 50 minutes de marches… Le monoprix le sait et vend beaucoup plus cher… et son voisin épicier fait pareil et c’est pourquoi nous payons beaucoup trop cher. La promesse de la mondialisation de faire baisser les prix est exacte mais les intermédiaires prennent tout le bénéfice. Pas besoin d’aller loin d’ailleurs, regardons la tête des agriculteurs quand il voit le prix de leur viande dans les supermarchés… Pour résoudre ce point qui pose problème (les entreprises en valorisant très cher leur service s’accaparent toute la valeur ajoutée du produit et « volent » tous les autres intermédiaires de la chaîne de production comme par exemple le petit indien qui est payé 2 euros par jour avec pourtant une productivité qui vaut bien plus que 2 euros), le néo-zélandais me parle de plus de régulation, plus de paperasse… Je suis contre et je trouverai beaucoup plus simple de dire que 51% de l’entreprise appartient à l’état, 20% aux salariés et 29% aux autres actionnaires. Avec une règle de plus : la différence de salaires entre le mieux payé et le moins bien payé ne peut pas dépasser 20 fois. Ainsi, si l’entreprise se met à vendre très cher pour avoir de gros bénéfices ce n’est pas très grave car c’est l’état et donc les citoyens qui récupéreront le magot. Pas besoin de réguler… le système se régule tout seul. L’expert économique disait que ça ne marcherait pas car l’expérience des 100 dernières années avaient montré que les entreprises d’état étaient inefficaces. Je lui donne raison mais pour moi elles étaient inefficaces non pas parce que l’actionnaire était l’état mais parce qu’elles étaient gérées à la manière communiste en instaurant l’égalité qui tue toute motivation. En effet quand je travaille pour Renault, je me fou pas mal d’enrichir la veuve de l’Arkansas ou l’état français. Ce que je veux c’est gagner de l’argent et si possible plus que mon voisin. Du coup je souhaite faire des entreprises possédées par l’état mais géré comme dans le privé avec des primes, des dividendes, des écarts de salaires significatifs, des perspectives d’avenirs… Voila ma solution de régulation mais le temps étant compté je n’ai pas pu lui soumettre complètement. Il m’a toutefois fait une remarque sur le fait que les entreprises privées ont un certains savoir-faire. Exemple, on ouvre un casino pour jouer. Grace au retour d’expérience, elles savent comment installer la roulette, vendre les bonnes cacahouètes… et ainsi les joueurs sont contents et le casino aussi. Si l’Etat ouvre un casino, il ne possède pas ce retour d’expérience et les joueurs vont trouver le casino nul et il ne fera pas beaucoup de bénéfices… Il a raison. C’est pourquoi je mettais 29% de l’actionnariat pour un partenaire privée qui apporterait un savoir faire. Est-ce suffisant ? Hope est là pour le tester.

Il adorait la construction européenne (« The greatest thing happened in the last 50 years » or « Jean Monnet is a genius ») et il voulait absolument connaître mon point de vue. Je lui expliquais que la population européenne refusait de plus en plus majoritairement la construction européenne car elle se rendait compte qu’elle s’appauvrissait. Il trouvait que c’était stupide alors je lui expliquais que j’étais moi aussi devenu eurosceptique ce qui a continué à l’agacer. Je me rappelle mes paroles « We can have free trade if the taxes are the same in every country. But if in France we ask to the companies to pay taxes for having a free education and in Greece, the education system is paid by people thus companies don’t pay taxes for that, all the French companies will move to Greece to pay less taxes and having a better profit… What the result? We need companies in France so our politicians will say that we have no choice and they will remove taxes paid by companies for having a free education. Who lose? People who cannot afford education… That’s why I don’t like this Europe.”
Pour une fois, il était d’accord avec mon raisonnement mais pour lui le problème n’était toujours pas le système et surtout les bienfaits apportés par l’Europe étaient biens supérieurs à ces petits inconvénients. Il fallait construire un gouvernement fédéral comme aux Etats Unis ou en Australie qui permettraient globalement d’harmoniser les taxes. Je lui expliquais qu’en France, nous avons les communes, les agglomérations, les cantons, les départements, les régions, l‘état et l’Europe et que dorénavant les décisions se perdaient dans les méandres d’une administration qui coûtaient les yeux de la tête. J’étais d’accord pour rajouter un état fédéral à l’Europe mais le problème c’est que ce sont les politiques qui écrivent les lois et ils ne vont certainement pas couper la branche sur laquelle ils sont assis à savoir donner leur pouvoir à l’Europe. Une fois encore, il ne partageait pas mon pessimisme en disant que depuis 50 ans d’énormes progrès avaient été faits… en même temps c’est son job que d’écrire les lois de la régulation ! Malheureusement pour moi, je n’ai pas eu le temps de lui parler de la démocratie participative pour lui expliquer comment je comptais relancer l’Europe.

La conversation était terminée et je le quittais en le remerciant chaleureusement du temps passé. J’ai beaucoup aimé, lui peut être moins mais ce ne doit pas être tous les jours qu’un inconnu s’invite dans son bureau pour lui dire à demi mot, qu’il trouvait son travail de régulation intéressant mais complètement inutile à cause des lobbys, des politiciens véreux ou des lois tellement complexes qu’elles favorisent les experts et donc les riches ...


Article rédigé par: Julien Bourlon le 09/06/09
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