Un phare dans l'océan

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N’arrivant pas à écrire, j’ai décidé d’aller au musée. L’exposition payante était sur Brack, un peintre australien de la seconde partie du XXeme siècle. C’était pas mal, même si je n’ai pas tripé mais une chose est sûr, je comprenais quelques choses à ses tableaux qui décrivaient la condition humaine. Un peu pessimiste ce Brack qui pensait que l’homme n’évoluait pas et que les grandes civilisations d’autrefois avaient finalement le même niveau de développement que l’homme de 1950. L’exposition gratuite du musée présentait des œuvres aborigènes de fort belles factures, mais qui m’évoquaient rien. Sauf quelques totems, le reste était très abstrait avec des points partout. Il était évident que tous ces points n’avaient pas été mis au hasard car des formes et des symboles ressortaient mais ceux-ci m’étaient totalement obscurs. Les auteurs des œuvres étaient interviewés dans une vidéo qui passait en boucle. J’écoutais mais ne comprenais guère mieux. Il y avait par exemple un tableau qui avait une signification mythologique en expliquant la création d’une terre dont j’ai oublié le nom. Deux animaux dont un corbeau se battaient avec acharnement se qui provoqua la formation des cratères. Alors que le corbeau allait gagner le combat, un aigle qui était resté spectateur proposa d’aider l’animal en difficulté. L’aigle s’approcha du corbeau et lui dit qu’il voulait avoir une relation sexuelle avec lui. Le corbeau s’allongea et alors qu’il était sans méfiance, l’aigle le castra ce qui provoqua la naissance du territoire… Connaissant la signification du tableau, je le regardais avec attention. Mais où est l’aigle ? Où est le corbeau ? Certainement dans les symboles que je ne comprenais pas. Je ressentais un profond malaise et à regarder les aborigènes sur la vidéo, mon sentiment initial fut de les rejeter. Les 40 000 ans d’évolution séparée avec les indo-européens avait rendu nos physiques légèrement différents et je les trouvais très moches en plus d’être incompréhensibles.

J’imagine désormais un aborigène se baladant dans une ville occidentale. Que peut-il comprendre à ce monde ? Des choses certainement qui ne doivent pas correspondre à ce que nous voyons. Je pensais connaître le choc des cultures que je minorais en trouvant que les êtres humains se ressemblent beaucoup mais aujourd’hui, le choc des cultures a été violent. Alors comment résoudre ce choc ? Une œuvre aborigène disait que s’il était blanc, il ne se sentirait pas rejeté mais je la trouvais peu intéressante car trop plaintive. Les solutions qu’elle suggérait était d’augmenter la représentativité des aborigènes dans les journaux, la télé, arrêter la discrimination raciale… bref ce que disent les bons élèves ayant appris leurs leçons. Pour moi la télé, les journaux ne sont pas spécialement aborigènes et j’en connais qui dirait que ces aborigènes émancipés ne font que singer les blancs. Une autre source d’inspiration pour résoudre le choc culturel entre aborigène et blanc fut de faire un tour sur Internet. Je ne trouvais aucun article écrit par un aborigène et me contentait des solutions proposées par les blancs. Je pouvais les classer en deux catégories : Mettre les aborigènes dans des communautés indigènes à l’écart des blancs où ils vivraient grâce aux aides sociales (soin gratuit par exemple) mais aussi par leur travail en vendant des œuvres d’art ou en développant le tourisme. L’autre solution était simplement l’assimilation à la culture blanche avec l’école et l’insertion dans la vie professionnelle. Je n’ai rien contre les aborigènes qui veulent vivre à l’écart mais dans ce cas pourquoi doivent-ils recevoir des aides s’ils ne donnent rien à la communauté sous forme d’impôt ? Quand les gens sont vieux, handicapés ou stupide, je comprends qu’on les aide mais quand ils sont tout aussi capables que moi pour travailler, je ne vois pas pourquoi je donnerai une partie de mon labeur à ces personnes que je ne connais même pas !
Les Australiens ne sont pas des saints alors si ils proposent d’aider les aborigènes c’est qu’ils se sentent coupables notamment à cause des générations volées. Entre 1869 à 1969, de nombreux aborigènes et métisses ont vécu dans des familles blanches, des orphelinats ou des missions chrétiennes pour recevoir une éducation blanche. Ils ont été littéralement volés à leur famille d’origine sans respecter les règles les plus élémentaires comme rester avec ses frères et sœurs qu’ils n’ont parfois jamais revus de toute leur vie. Cela représenterait 10 % des aborigènes avec des abus sexuels (17% des filles) et globalement un résultat négatif car ces gens se sont moins bien insérés dans la société que les aborigènes restés dans leur famille. On aurait pu penser que les jeunes aborigènes qui auraient grandit dans une famille blanche, aurait mieux compris cette culture et se serait mieux inséré dans la société mais quand le but avoué en 1930 était l’élimination de la race aborigène en 5 ou 6 générations par les croisements, un tel résultat négatif n’est pas surprenant.
Dans ce contexte particulier, doit-on considérer les 510 000 aborigènes (2.5% de la population) comme une catégorie à aider aux mêmes titres que les handicapés, les vieux ou les débiles ? Peut-être, même s’ils n’appartiennent à aucune des trois classifications. Les chiffres font peur avec comparé au reste de la population : une espérance de vie de 17 ans inférieure, des revenus 40% inférieurs, un taux de suicide trois fois plus élevé, un taux de diplômé post bac de 30% contre 50% pour le reste de la population… Ainsi le choc culturel que j’ai vécu dans un musée est bien réel pour tous les aborigènes qui sont passés de l’âge de pierre à la modernité (Le politiquement correcte, de règle en Australie, donne aux aborigènes une grande spiritualité incompatible avec mes propos d’âge de pierre). Leur nouvelle vie est-elle mieux que leur vie d’avant les blancs ? Personne ne le sait mais j’ai tendance à dire oui pour ceux qui s’insèrent dans le monde blanc avec l’allongement de leur espérance de vie, des connaissances plus importantes, une plus grande liberté mais définitivement non pour tout ceux se retrouvent en train de picoler sous les arbres. Au début du XXeme cela n’aurait choqué personne car le darwinisme social explique comment la nature se débarrasse de ceux qui ne sont pas assez forts pour s’adapter mais au XXIème siècle, je reconnais être choqué. Aux 510 000 aborigènes de trouver leur voie dans la nouvelle Australie car ne comprenant rien à leur culture, je n’ai pas la moindre idée de ce qui est bien pour eux ! Le problème, c’est que quand on a perdu ses repères, on ne peut pas construire de future… S’ils comprennent leur art, leur langue, leur tradition peut-être pourront-ils s’en sortir ? Je leur souhaite


Article rédigé par: Julien Bourlon le 27/05/09
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