Un phare dans l'océan

La naissance de Marc et ses rêves


Ville au cœur des Alpes française, Grenoble était paisible en ce mois de juin 1980. Pourtant une femme poussait, soufflait, criait pour donner naissance à son deuxième enfant. Dix heures d’efforts puis Marc fit son apparition. Son corps s’anima, il était vivant. L’infirmière posa délicatement le bébé dans les bras de sa mère épanouie qui le serra tendrement. Marc se tut puis sourit, heureux de vivre. Dans cette maternité, le destin était en marche car bientôt l’évolution ferait un saut aussi grand que celui qui avait transformé les cellules vivantes en êtres humains dotés de conscience.

Les quinze premières années du jeune homme furent quelconques. Sa personnalité se construisit petit à petit mais retranché derrière les murs de son appartement, il vivait dans une bulle au lieu de se confronter aux autres. L’école, le sport et les centres de vacances étaient ses seuls lieux de rencontre. Sans bien comprendre, il souffrait de cet isolement. Il s’allongeait dans son lit pour lire et rêver. Plusieurs songes bien sûr mais certains étaient plus révélateurs que d’autres. Le plus tenace était ce désir de voler. Combien de fois était-il monté en haut de la montagne ? Il écartait les bras puis sautait dans le vide pour voler à quelques mètres au dessus du sol. Plus tard Marc réaliserait ses rêves, son corps transformé, lui permettrait de voler dans le monde réel.
Un autre rêve était symptomatique. Il se voyait dérober un scooter pour rejoindre le port du Havre. De là, il montait clandestinement dans la cale d’un bateau en partance pour New York. Après plusieurs jours de mer, il regardait la statue de la liberté portant fièrement la flamme de l’espoir. Il était jeune mais déjà il était intéressé par l’Amérique, pays d’immigrants et d’entrepreneurs qui dominait le monde.

Pendant ses 15 premières années, Marc était un garçon poli, gentil avec l’ambition d’être un homme bien. Son bonheur était des plus élémentaires comme aider la femme remontant la pente avec ses sacs regorgeant de victuailles. Il rêvait d’un amour simple à la manière des contes pour enfants. Marié, entouré d’une famille nombreuse, le bonheur était dans la chaleur du foyer. Il se voyait dans le jardin familial préparant le barbecue, sa femme tout contre lui, lui susurrant des « je t’aime ».

Cette politesse et cette naïveté s’opposaient au compétiteur d’escrime qu’il était. Il voulait toujours le plus beau des combats. Après les plus belles touches, il soulevait son masque, les yeux remplis d’agressivité et par un cri bestial, haranguait son adversaire. La hargne portée à son paroxysme libérait les énergies dans un combat âpre et sans merci. Le match terminé, Marc serrait la main de son adversaire avec respect. Il aimait ces combats ou le panache est plus important que la victoire.

Si l’escrime lui apportait beaucoup de joie, elle le fit grandir lorsqu’il fut battu sans gloire au championnat de France. Incapable de se battre, il avait perdu contre un adversaire bien moins fort. Déçu, humilié il avait compris comment le stress agissait sur lui. Il apprit ainsi à dédramatiser les événements. Grande leçon, peut être la plus importante de sa jeunesse, car il pouvait désormais donner le meilleur de lui-même. Il s’était affranchi du stress, un des tourments invisibles du corps. Sa volonté avait pris le dessus, il savait désormais qu’il pourrait vaincre les autres tourments… mais ceux-ci, surtout les passions seraient une affaire bien plus longue et douloureuse.

Un autre moment clé de sa jeunesse fut sa profession de foi. D’éducation chrétienne, Marc devait faire sa communion. Il avait onze ans et comme les autres enfants présents, il devait dire « oui nous croyons » à la demande du prêtre. Pour la première fois de sa vie, Marc s’opposa. Il était trop jeune pour croire quoique ce soit et ne répéta pas « oui nous croyons ». Premier acte de rébellion d’un homme qui décide de ses actions. Ce n’était plus la volonté des autres qui s’imposait à lui mais la sienne qu’il s’imposait.

Malgré ces quelques moments fondateurs, les quinze premières années de Marc étaient tranquilles et sans relief. Même si ses lectures et la pratique du sport lui apprenaient à se connaître et à connaître le monde, il lui manquait l’essentiel : il ne connaissait pas l’amour. Celui-ci fut violent, à l’âge de l’adolescence et des tourments, sa vie allait basculer. D’enfant, il allait progressivement passer à l’âge adulte.


Article rédigé par: Julien Bourlon le 07/03/09
Cet article est la modification du texte de: Julien Bourlon le31/01/09
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