Un phare dans l'océan

Diary : Voyage au pays du cactus


Ça fait maintenant 5 semaines que Jasmine m'a fait goûter au peyotl. Le souvenir que j'ai de cette expérience est très étrange. Un triangle et un cercle qui se confondent. Je sais que c'est impossible et j'en conserve pourtant un souvenir très tenace. Je l'ai vu! C'était logique mais je ne peux pas l'expliquer.
J'ai beaucoup pensé à la question de Noham aussi. Le fait est que jusqu'à ce qu'il me pose cette question, j'avais une foi absolue en la science mais j'en avais perdu de vue les raisons.
Désormais, j'ai les idées claires. Je trouve d'ailleurs plus approprié de parler de "recherche scientifique" plutôt que de "science".
Pourquoi la recherche scientifique est-elle mon credo ?

Ne nous trompons pas sur les termes.
La recherche n'est pas l'application.

1ère partie : la recherche fondamentale

La recherche fondamentale vise à décrire la réalité du mieux possible.
Il faut donc bien comprendre que les théories scientifiques ne prétendent pas décrire précisément la réalité mais plutôt en fournir une approximation basée sur les connaissances actuelles.

Les connaissances actuelles sont elles même approximatives. Elles sont issues de moyennes statistiques des mesures effectuées. Ces mesures prises séparément peuvent s'écarter très largement des moyennes statistiques retenues.

A cela s'ajoute que pour chaque mesure, il faut tenir compte de la précision de l'appareil de mesure. En effet, aucun appareil de mesure n'est d'une précision absolue.

Ainsi, la recherche scientifique n'impose pas sa vision de la réalité mais cherche à s'en approcher (d'où le terme "recherche").

La recherche scientifique s'appuie sur une méthode.
Il s'agit d'un processus itératif constitué des étapes suivantes :
1) observer les faits
2) proposer un modèle cohérent avec les faits
3) douter du modèle
4) recueillir de nouveaux faits
5) si les nouveaux faits suivent le modèle, aller en 4)
6) si les nouveaux faits contredisent le modèle, aller en 2)

Que faut il en retenir ?
1) la démarche scientifique est basée sur le doute
2) tout modèle proposé est approximatif
3) un nouveau modèle n'est pas forcément plus proche de la réalité que le précédent, il est juste plus proche des faits connus.
4) quand le nombre d'itérations tend vers l'infini, le modèle tend vers la réalité.

Une parenthèse au sujet des mathématiques :
Les mathématiques sont des outils du raisonnement scientifique, il faut les distinguer des outils de mesure.
Contrairement à l'outil de mesure qui est manufacturé et connaît donc une limite à sa précision, l'outil mathématique est juste défini.
Si la définition est suivie, l'outil est fiable à 100%.
Ainsi, le processus mathématique de modélisation n'augmente pas l'incertitude du modèle.

Cette première partie touchant à son terme, comment répond-elle à la question initiale : "Quelle confiance pouvons-nous avoir en la recherche scientifique ?"

Ma réponse est que nous pouvons avoir confiance en la recherche scientifique. Elle ne cache ni son objectif (décrire la réalité) ni ses limites (modèles approximatifs).
Le lecteur de parutions scientifiques qui garde ces éléments à l'esprit ne pourra pas être berné. Il sait à chaque instant que les théories proposées sont des approximations et que son doute à leur sujet est le bienvenu.
Il découle de la phrase précédente une évidence que beaucoup de personnes ont du mal à comprendre ou accepter : La démarche scientifique n'est à aucun moment incompatible avec la foi.

Par ailleurs, la recherche scientifique n'est que théorique et ne peut se voir reprocher les défauts de son application. On ne peut pas reprocher au père les défauts de son fils.

2ème partie : Application des découvertes scientifiques et progrès

Quoi que l'on pense de la 1ère partie, une chose est sûre : si on peut téléphoner à une personne à l'autre bout du monde, soigner une angine ou faire exploser des bombes atomiques, c'est bien parce que les théories ne sont pas si éloignées que ça de la réalité... Au moins de temps en temps en tout cas.

L'application pratique d'une découverte scientifique n'est pérenne que si quelqu'un y voit un progrès.
Autrement dit, un nouveau produit ne se vend que s'il a un acheteur.

C'est donc au consommateur qu'incombe la responsabilité du progrès. C'est à lui de définir ce qu'il attend du progrès.

Nous sommes tous des consommateurs alors posons nous la question : "Qu'est ce que le progrès pour moi ?"
Est-ce améliorer mon mode de vie ?
Est-ce améliorer le mode de vie du plus grand nombre maintenant ?
Est-ce améliorer le mode de vie du plus grand nombre pour toujours ?
Est-ce améliorer le mode de vie de l'humanité toute entière ?

Toute la différence entre la recherche scientifique et son application est là.
La recherche n'a pas vraiment besoin de nous. Elle avance, elle stagne, elle recule... mais en fin de compte, elle fait son chemin tout en restant descriptive.
L'application nous implique. C'est à nous de décider individuellement et collectivement de ce qu'est le progrès...
Nos choix ont un impact sur nos vies et celles des générations à venir.

Aujourd'hui, il est impossible pour un individu faire ces choix en s'appuyant sur une analyse des données. C'est devenu trop gros, trop complexe.
Ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien faire.

De quels moyens disposons nous ?
- multiplier les sources d'informations : plusieurs avis valent mieux qu'un
- qualifier les sources d'informations : l'information fournie par une source est pondérée par la qualité des autres informations qu'elle fournit et par son implication dans le résultat présenté
- observation du protocole : s'il est impossible d'analyser les données, on peut s'interroger sur la validité du protocole suivi. Est-ce vraiment une démarche scientifique ?
- le bon sens
- le doute

Une nouvelle composante entre donc en jeu : la notion de risque.
Puisque nous ne pouvons plus tout maîtriser à titre individuel et que nous ne pouvons pas refuser systématiquement de faire des choix, il faut savoir prendre des risques.

Cette seconde partie touchant à son terme, comment répond-elle à la question initiale ?
Cette fois, on comprendra la question comme étant : "Quelle confiance pouvons-nous avoir en l'application pratique des découvertes scientifiques ?"

Ma réponse est que si l'application pratique des découvertes scientifiques peut être désastreuse, le responsable est bien celui qui en profite directement.
Il est de la responsabilité de chacun d'évaluer le risque qu'il prend et fait prendre aux autres en choisissant d'utiliser une nouvelle technologie. Nous savons ce que nous pouvons attendre de la recherche scientifique.
Il nous revient de veiller à ne pas faire n'importe quoi de ce qu'elle nous offre.


Article rédigé par: Mike Oak le 10/02/09
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