Un phare dans l'océan

Jasur croit tuer Marc Couturier


Pourtant le plus dur restait à venir. Depuis la mi-mars, le gouvernement de Hope avait considérablement renforcé la sécurité avec notamment le retour des contrôles douaniers à l’entrée des villes, les patrouilles de la marine française au large des villes côtières et les enquêteurs qui épluchaient les transactions financières de tous les hopiens pour identifier les transactions financières inhabituelles. En deux semaines, les juges avaient accepté de fournir les identités de quatre-vingt-deux suspects et les enquêteurs avaient arrêté huit personnes disposant d’explosifs. De son coté, Jasur profita des quinze derniers jours de mars pour élaborer son plan pour tuer le président. Il avait longtemps hésité à se présenter aux forces de l’ordre hopienne pour se mettre sous leur protection mais au final, il craignait davantage l’atrocité innommable de la mafia russe. Il espérait tuer Marc Couturier incognito et reprendre sa vie d’avant en compagnie de Parveen et de ses quatre enfants.

Le 2 avril, le président de Hope venait à New Vegas pour rendre visite à la marine française et contrôler le nouveau dispositif de sécurité. En tant que commissaire, Jasur avait été mis à contribution et participerait à une réunion avec Richard Dormal, à laquelle le président de Hope était convié. Il avait été tenu au courant du dispositif de sécurité autour du président et celui-ci semblait presque parfait. Marc Couturier arriverait en hélicoptère sur le toit d’un des casinos, puis il enchaînerait toutes les réunions dans la salle des coffres dont la sécurité est maximale. Ensuite, il reprendrait l’hélicoptère pour rejoindre un destroyer français avant de rentrer à Sphères. D’après Jasur, le point faible était les déplacements aériens et il espérait abattre l’appareil présidentiel avec un bazooka juste avant son atterrissage sur le toit du casino. La chance lui souriait car suite à l’attaque du sous-marin, il avait obtenu l’autorisation d’équiper son commissariat avec quatre bazookas pour se défendre d’éventuelles attaques aériennes. Le 1er avril au soir, il en prit un à l’insu de ses collègues.

Caché derrière le rideau de sa chambre d’hôtel, Jasur guettait l’arrivée de l’hélicoptère présidentiel. On lui avait communiqué l’horaire mais il était venu deux heures plus tôt au cas où la sécurité du président chercherait à brouiller les pistes. Deux heures à patienter inutilement car l’hélicoptère se présenta à l’heure dite. Jasur relâcha ses muscles, inspira longuement puis quand l’appareil fut assez proche, il le plaça dans son viseur. Ce n’était plus le moment de penser et il appuya sur la détente comme il avait apprit à le faire pendant sa formation au KGB. Son missile partit instantanément le faisant reculer d’un bon mètre et une seconde plus tard l’hélicoptère présidentiel était touché. Une violente explosion éclaira le ciel puis la masse métallique de l’appareil s’abattit lourdement sur le toit du casino.

Jasur se débarrassa du bazooka dans le conduit des ordures ménagères puis il sortit au plus vite de l’hôtel par une porte de service. Il enleva ses gants et sa cagoule qu’il jeta dans une poubelle publique puis il téléphona à ses adjoints. Les forces de l’ordre étaient déjà en route et trois minutes leur suffirent pour boucler le quartier. Dix minutes après l’explosion, les premiers policiers commençaient à interviewer les témoins. Rapidement leurs dépositions permirent d’identifier la direction du coup de bazooka et un quart d’heure plus tard, les forces de l’ordre fouillaient la chambre où Jasur avait abattu l’hélicoptère. D’autres policiers visionnaient les vidéos de l’hôtel mais sur les enregistrements, ils ne virent qu’un homme cagoulé. D’autres furent chargés d’identifier la personne ayant louée la chambre. Une heure fut nécessaire pour récupérer son nom car seuls les juges étaient habilités, mais de toute façon la piste menait à une personne emprisonnée. Le tueur avait réussi à usurper son identité ce qui demandait des complices ou un accès au système d’information avec des droits que peu de personnes possédaient. Alors que l’enquête se poursuivait sans qu’aucun suspect ne se dégage et que les médecins avaient prononcé la mort des huit occupants de l’hélicoptère, Jasur reçut un coup de téléphone de Richard Dormal.
- Nous t’attendons pour la réunion. Laisse ton adjoint continuer l’enquête et rejoins-nous dans la chambre forte du casino.

Une mauvaise surprise attendait Jasur quand il rentra dans la salle. Marc Couturier, en chair et en os, présidait la réunion. Quand le président de Hope vit l’Ouzbek, il ne lui fit aucun reproche et lui demanda de s’asseoir. Jasur parla peu et à la fin de la réunion, il s’excusa de ne pas avoir réussi à éviter l’attentat en promettant qu’on attraperait le coupable. Richard Dormal lui répondit :
- Tu seras secondé par Igor Lauxe, ici présent, pour attraper le tueur. Nous avons de bonnes raisons de croire que l’attentat a été monté par la mafia Russe. Nos agents font un travail remarquable et j’espère qu’ils trouveront l’identité du tueur d’ici moins d’une semaine. Ils ont déjà abattu le commanditaire hier mais celui-ci ne savait pas quand le tueur allait agir. Aujourd’hui, nous sommes sur la piste d’un certain Boris.
Richard Dormal tourna son regard vers Igor Lauxe. C’était un homme très maigre, très blond et à la peau très blanche. Il avait un tic de visage qui déformait sa bouche d’une manière étrange et désagréable. Cela lui donnait un sourire mystérieux qu’on pouvait interpréter comme un sentiment de supériorité. Richard reprit :
- Igor est russe et il a été formé au KGB pendant que tu étais à Moscou.
Après une petite pause où il regarda Jasur droit dans les yeux, il demanda :
- Peut-être vous connaissez-vous ?
Jasur resta de marbre.
- Je ne crois pas mais je suis sûr que nous formerons une bonne équipe.
Richard poursuivit :
- C’est Igor qui a organisé le voyage du président pendant que nous lancions la fausse piste de l’hélicoptère. Peu de gens étaient au courant et Igor connaît parfaitement la liste de ces personnes dont tu fais partie. Huit personnes sont mortes dans l’attentat qui visait le président et Igor me tiendra informé de toutes les avancées de l’enquête. Je te laisse repartir à ton travail avec Igor.

Jasur prit congés sur ces menaces à peine voilées avec Igor sur ses talons. De l’euphorie de l’hélicoptère abattu, le commissaire sentait le piège se refermer sur lui. Pour l’instant, il ne savait pas comment il s’en sortirait et il espérait beaucoup de la nuit, qui porte conseil.


Article rédigé par: Julien Bourlon le 13/06/09
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