Un phare dans l'océan

Marc visite une entreprise de Hope


Le premier mars, Marc Couturier avait rendez-vous dans une usine textile de Sphères de la marque « Gold river ». Cette entreprise avait été créée il y a six ans par le gouvernement de Hope suivant un nouveau modèle économique et le président de Hope voulait interroger les salariés afin de voir par lui-même si cela fonctionnait. Il fut reçu par le directeur qui lui expliqua :
- L’état possède 51% du capital, les contractants 20% et la marque « Gold River » possède les 29% restant. Notre société n’a aucun salarié et nous travaillons qu’avec des contractants. Le système d’information de Hope, a créé une raison sociale pour chacun d’entre nous que nous avons utilisé pour signer notre contrat avec « Gold River ». Ainsi nous sommes tous des indépendants avec l’avantage de pouvoir passer nos frais de formations, nos déplacements ou 30% de notre loyer en note de frais.
- Et comment êtes-vous payé ? demanda Marc
- Notre rémunération moyenne dépend pour 60% d’un salaire fixe et pour 40% des résultats de l’usine que nous recevons sous forme de prime ou de dividende grâce au 20% du capital que nous détenons.
- Avez-vous appliqué la règle qu’il ne peut pas y avoir un salaire horaire 20 fois supérieur entre le plus faible et le plus gros revenu de l’entreprise ?
- Oui car comme l’état possède 51% de l’entreprise, nous devons appliquer cette règle.
- Qui a apporté le capital dans l’entreprise ?
- L’Etat a apporté 100% du capital, la société « Gold River » nous a apporté son savoir-faire avec notamment la marque et des experts au démarrage pour organiser l’usine. Les contractants, comme moi, nous apportons notre force de travail mais nous n’avons pas donné un centime.
- Faîtes-vous des bénéfices ?
- Gold River nous achète nos produits au coût moyen de production qu’il a dans les autres pays. A partir de là, nous devons être plus productifs que leurs autres usines mondiales pour gagner de l’argent. Comme notre salaire dépend pour 40% de notre capacité à dégager des bénéfices, nous avons tout optimisé et nos profits sont importants. D’ailleurs l’état hopien a déjà reçu 82% du capital versé initialement grâce aux dividendes que nous lui versons chaque année.
- Etre à Hope vous aide-t-il ?
- Beaucoup car nos salaires en euros hopiens sont faibles comparés au reste de l’Europe et surtout Hope fournit de nombreux services que n’ont pas les autres pays comme la comptabilité automatique, des infrastructures très performantes avec par exemple le WIFI gratuit ou la politique RH qui est gérée directement par une agence de l’état. Bref nous pouvons consacrer toute notre énergie sur la production des jeans, des T-Shirt ou des chemises sans perdre notre temps à essayer de gagner de l’argent grâce aux avantages fiscaux ou autres lois qui n’existent pas à Hope.
- Pour augmenter votre bénéfice, avez-vous diminué vos investissements ?
- Non car chaque contractant a signé un contrat de 5 ans avec une pénalité assez forte au cas où il partirait avant. Du coup, les personnes qui travaillent ont en moyenne plus de 2,5 ans à faire pendant lesquels ils espèrent que l’entreprise dégagera des profits. De plus, l’état en tant qu’actionnaire majoritaire, nous oblige à investir à hauteur de 20% du chiffre d’affaires chaque année en faisant attention que nous investissons sur le long terme. En tant que directeur, je rends des comptes à un groupe de dix personnes qui représentent l’état actionnaire.
- Comment faites-vous quand un contractant fait un travail de mauvaise qualité ?
- Nous pouvons casser un contrat sachant qu’il reçoit une indemnité de deux mois de salaire.
- Et qui décide ?
- Les décisions sont consensuelles suivant la méthode suédoise. Nous recevons le contractant qui pose problème lors d’une réunion où sont présents ses collègues, son responsable hiérarchique, la personne du gouvernement s’occupant de la RH et moi-même. Nous lui expliquons ce qui ne va pas et ce que nous attendons de lui pour le garder. Jusqu’à présent ces réunions sont très efficaces car nous avons licencié qu’une seule personne.
- Et quand les personnes arrivent au terme de leur contrat de 5 ans, continuent-elles à travailler ou elles se relâchent ?
- De nombreuses personnes souhaitent continuer à travailler pour l’usine et nous n’avons aucun problème avec elles. Pour celles qui souhaitent partir, nous avons peu de problèmes car elles savent que leur prochain employeur nous demandera s’il peut leur faire confiance.
- Lorsque vous renégocier les contrats, y a-t-il une discussion sur les salaires ?
- Nous avons des discussions sur les salaires tous les ans sachant que pendant la période du contrat nous ne pouvons que les augmenter. Par contre, lors de la renégociation, nous pouvons proposer un salaire à la baisse. J’ai eu cet exemple avec une personne de 55 ans qui voulait continuer à travailler mais à son rythme. D’après nos critères de productivité, nous avons baissé son salaire de 20% et il a accepté.
- Dernière question, êtes-vous satisfait dans votre travail ?
- Oui car nous gagnons très bien nos vies et le métier est intéressant.

Marc Couturier le remercia puis partit voir un contractant qui faisait un travail d’ouvrier sur la ligne de production.
- Bonjour, puis-je vous déranger quelques minutes ?
- Oui, monsieur le président
- Alors pas trop compliqué d’être indépendant au lieu d’être salarié?
- Mis à part que j’ai une carte bleue de plus pour les dépenses de mon entreprise, je ne vois pas trop de différence. Mensuellement, l’usine verse l’argent sur le compte de mon entreprise puis en fonction de mes frais, le système de Hope me prélève automatiquement mes impôts et me verse mon salaire sur mon compte bancaire personnel. Bref, je ne m’occupe de rien et j’ai accès à tous les détails des écritures par Internet. Par contre on m’a dit que je pouvais payer ma voiture et une partie de mon loyer sur mon compte entreprise et du coup, j’ai gagné pas mal d’argent.
- Avez-vous peur de perdre votre emploi ?
- Non car l’entreprise fonctionne bien donc ils ont besoin de moi. J’ai été malade trois mois l’année dernière mais comme c’est la sécu qui paie, l’entreprise s’en fiche un peu. A mon retour, la loi les oblige à me garder 3 mois et de toute façon, s’ils veulent me virer, il y a un responsable de la RH qui est là pour vérifier qu’il n’y a pas d’abus
- Etes-vous content ?
- Très car je touche même des dividendes, donc je n’ai plus l’impression de me faire avoir par le patron.
- Ca vous gêne d’avoir un salaire 20 fois inférieur au patron ?
- Ben non, il a fait des études et il est plus intelligent que moi. On n’est pas tous égaux et comme on dit, il y en a qui sont beaux et d’autres qui sont moches. C’est la vie ! Par contre je gagne 40% de plus que mes amis salariés qui travaillent pour Nike.
Après d’autres questions, le président le quitta pour rejoindre un responsable de « Gold River » qui était, lui aussi, extrêmement satisfait.
- Avec nos 29% d’actions dans l’entreprise, nous touchons de gros dividendes et la production livrée par l’usine est d’excellente qualité, à l’heure et toujours au prix convenus. Il faut dire que les contractants de l’usine sont beaucoup plus impliqués dans leur travail que ce que nous connaissions avant. Suite à cette expérience réussie, nous avons décidé d’ouvrir six nouvelles usines comme celle-là et petit à petit, nous rapatrions notre production du Vietnam vers Hope.

Marc rentra satisfait de cette visite. Hope était là pour tester de nouvelles manières d’organiser les entreprises et la solution qu’il venait de visiter, semblait faire ses preuves. C’était révolutionnaire car on découpait un grand groupe en autant d’unités de production indépendantes avec chaque contractant qui recevait un salaire correspondant à la réalité de son travail. C’était complètement nouveau car dans les grands groupes mondiaux, des responsables financiers découpent la valeur ajoutée des blocs de production suivants leur bon vouloir en s’assurant bien sûr de récupérer les profits pour leurs services et en laissant les miettes pour les travailleurs. Le modèle de cette usine commençait à se répandre avec le gouvernement de Hope qui fournissait le capital de plus en plus d’entreprises. C’était possible grâce aux taxes qui rentraient. Petit à petit, les entreprises étrangères qui avaient fourni le capital et le savoir-faire pour réaliser le boom économique de Hope, voyaient leur part dans le PIB se réduire. Elles devaient faire de plus en plus comme « Gold River » et fournir leur savoir-faire contre 29% de l’entreprise avec le reste qui appartenait aux travailleurs et aux hopiens via l’état dirigé par la démocratie participative.

Comme cette entreprise, de nombreuses autres expériences étaient testées à Hope avec pour objectif de redonner de la richesse et du pouvoir aux travailleurs. A travers ces projets, les habitants de Hope apprenaient à être des entrepreneurs, ce qui leur ouvraient de nouvelles perspectives car quand on a un esprit d’entrepreneur, tout devient possible !


Article rédigé par: Julien Bourlon le 11/06/09
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