Un phare dans l'océan

Jasur est recontacté par la mafia Russe


En mars 2026, Jasur décida de prendre un mois de congés pour rentrer en Ouzbékistan. Sa mère était tombée malade et il espérait la convaincre de venir avec lui à Hope où les hôpitaux commençaient à disposer de personnel soignant de qualité. Les français avaient fini de compléter la formation des immigrants qui étaient arrivés avec des connaissances médicales et l’université de médecine de Hope formait ses premiers élèves. Pour les problèmes graves, Hope avait signé un partenariat avec la France qui continuait de soigner les malades que les médecins hopiens ne savaient pas traiter.

Jasur n’était pas rentré en Ouzbékistan depuis sept ans et ses parents n’avaient jamais vu sa femme, ni ses quatre enfants. Pourtant il partit seul avec juste des photos car il savait que sa famille n’appréciait pas du tout son mariage avec une non musulmane ayant déjà trois enfants. Sa sœur Feruza le rejoindrait quelques jours à la fin de son séjour. A son arrivée, il eut la joie de voir sa famille qui l’attendait à l’aéroport de Tachkent. Les femmes portaient leur plus belle tenue traditionnelle qui cachait leur corps et leurs cheveux, tandis que les hommes avaient leur petit chapeau sur la tête. Jasur fut rempli d’émotion en les voyant mais il s’aperçut également qu’il n’appartenait plus à ce monde où le temps s’était arrêté depuis quarante ans. En sept ans, un décalage s’était créé et même s’il aimait toujours sa famille, il comprit immédiatement qu’un mois en leur compagnie allait être long. Pourtant son séjour serait raccourci car en sortant de l’aéroport, il vit une tête russe bien connue et tressaillit. L’homme lui fit un signe qu’il comprit instinctivement et il partit aux toilettes.
- Alors Jasur, on reconnaît son vieil ami Boris.
- Bien sûr mais j’espère que tu ne m’apportes pas de mauvaises nouvelles.
- Les nouvelles du KGB ne sont jamais bonnes, surtout quand il est aux mains de la mafia russe.
- Je sais mais depuis que je suis à Hope, je n’avais aucune nouvelle et j’ai arrêté de m’entraîner. Je pense qu’il est de votre intérêt de me considérer comme à la retraite.
- Ne dis pas de bêtises, la retraite n’existe pas pour des gens comme nous. Et puis nous avons suivi avec admiration ton parcours de commissaire. Il paraît que tu as même vu Marc Couturier, le président de Hope ?
- C’était juste une réunion improvisée. Je n’étais pas au courant qu’il allait venir.
- Peu importe, maintenant il te connaît et ça tombe bien, car tu vas le tuer !
Jasur sentit une goutte de sueur couler dans son dos et il se mit à trembler légèrement. Lorsqu’il avait étudié l’ingénierie à Moscou, il avait été approché par le KGB. Cinq ans d’entraînement, ponctués d’une dizaine de missions où il avait parfois tué, l’avaient transformé en un combattant redoutable. Il avait ensuite été renvoyé en Ouzbékistan pour servir le régime en place qui défendait les intérêts de Moscou puis en 2019, il avait eu la bénédiction du KGB pour partir à Hope comme espion dormant. Depuis il n’avait plus eu de nouvelles et ce retour dans un passé qu’il espérait révolu, sonnait le glas de ses espoirs de reconversion. Jasur tenta une autre tactique pour refuser l’ordre.
- J’aime énormément mon nouveau pays et je ne tuerai jamais son président. Il a donné une vie décente à des millions de gens et j’adore le nouveau monde que nous créons avec la liberté de la presse, l’absence de corruption, une nouvelle donne économique, la démocratie participative, le respect des bénévoles, une vraie politique d’énergie renouvelable et tant d’autres choses, comme les cantines scolaires qui éduquent à la diététique. Je sais que je ne suis plus des vôtres quand je vois ma sœur ou mes enfants s’épanouir. N’étant pas nés au bon endroit, ils auraient dû être condamnés à une vie sordide, mais voilà que l’espoir est revenu en venant dans ce nouveau pays. Si je dois défendre un idéal, ce sera Hope !
Boris applaudit.
- Très émouvant mais tu es né dans le mauvais pays et aujourd’hui tu n’as plus le choix. Tu connais nos méthodes. Un refus de ta part et toute ta famille meurt. Ta mère, ta femme, ta chère sœur, tes enfants… tous mourront lentement à cause de toi. En rentrant dans le KGB, tu as perdu le droit de penser et ta nouvelle mission est de tuer Marc Couturier. Alors peut-on compter sur toi ou nous commençons le massacre de ta famille ?
Jasur connaissait les règles. Il avait tenté cette petite comédie en espérant qu’en sept ans, les valeurs du KGB avaient changé mais ce n’était pas le cas. Il respira un grand coup puis donna sa réponse.
- Je suis des vôtres. Quand dois-je le tuer ?
- Tu as 45 jours mais comme nous sommes humains, nous te laissons quinze jours avec ta famille avant de rentrer à Hope. Après tu n’auras plus que trente jours pour trouver le moment opportun pour le tuer. Le 15 avril, si Marc Couturier est toujours vivant, ta famille en Ouzbékistan mourra, puis ce sera ta famille à Hope.
Jasur sortit des toilettes en sueur. Il rejoignit sa famille qui l’attendait et prétexta qu’il avait de la fièvre pour expliquer sa mauvaise mine.

Deux jours plus tard, Jasur essayait de convaincre sa mère de venir à Hope. Il voulait profiter au maximum de ses quinze jours car il n’était plus sûr de revoir sa famille vivante. Sa mère de 55 ans souffrait atrocement du ventre mais les médecins de Tachkent ne savaient pas la guérir. Lorsque Jasur vu l’obsolescence de leurs outils, il comprit pourquoi et cela le conforta dans l’idée que les médecins de Hope pourraient la soigner.
- Maman, viens à Hope avec Papa. Tu vivras avec moi et Feruza dans mon grand appartement. Tu auras des amis car beaucoup de personnes sont venues avec leurs parents.
- Si je suis en Europe, j’aurais le droit à une pension ? Lui demanda la vieille femme prise d’espoir
- Non maman, seuls les gens qui ont cotisé au régime de retraite reçoivent quelque chose. C’est pour éviter les abus mais par contre si tu décides d’habiter à Hope, tu pourras te faire soigner contre une franchise très faible que je paierai.
- Et si je veux rentrer en Ouzbékistan ?
- Hope n’a pas les moyens de soigner la terre entière et la sécurité sociale ne fonctionne que pour les habitants du pays mais si tu veux rentrer en Ouzbékistan après l’opération, je paierai tes examens médicaux.
Après plusieurs jours de discussion, Jasur arriva à convaincre sa mère de se faire soigner à Hope pendant que son mari resterait en Ouzbékistan à l’attendre. Le départ eu lieu le quinze mars, soit un mois avant la date fatidique où Marc Couturier devait mourir.


Article rédigé par: Julien Bourlon le 11/06/09
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