Un phare dans l'océan

Arrivée de Parveen à Hope


En juin 2020, les gouvernements français et hopien s’étaient réunis pour faire un bilan après les 18 premiers mois de Sphères. Les habitants avaient tous réussi le test de français et pouvaient enfin communiquer dans une langue commune, ils avaient élu un gouvernement représentant toutes les communautés et surtout ils avaient mis en place un nouveau système scolaire basé sur le niveau de l’enfant et non sur l’âge. Seul 5% des immigrés n’avaient pas trouvé de travail et avaient dû repartir dans leur pays.

Marc Couturier qui anima cette séance, se délecta des résultats économiques. Hope avait seulement 3% de chômage lié aux personnes voulant changer d’emploi ou ayant fini leurs études et plus de 200 000 emplois directs étaient proposés par des entreprises qui attendaient que Hope s’agrandisse pour disposer de sa main d’œuvre bon marché au cœur de l’Europe. Le système de valorisation du travail des bénévoles fonctionnait à merveille avec de très nombreuses associations qui abattaient un travail d’intégration considérable, mais aussi de très nombreux retraités français qui avaient repris du service bénévolement pour former les nouveaux arrivants. La France bénéficiait pleinement de cette nouvelle dynamique avec une baisse de 10% de ses chômeurs et une baisse considérable de ses clochards ou de ses immigrés clandestins dont certains avaient réussi à reprendre pied à Hope. Les entreprises nationales françaises qui fournissaient les réseaux d’eau, de téléphone, d’Internet ou d’électricité de Hope commençaient à engranger les premiers bénéfices. Avec une telle réussite, les gouvernements décidèrent de construire trois nouvelles villes à Hope pour accueillir trois millions de personnes supplémentaires. Le temps de lancer la construction et de signer les contrats avec les entreprises, puis les immigrés arriveraient par vague de 150 000 chaque dimanche à compter du 1er janvier 2022 et ce pendant 20 semaines. La technique d’intégration serait reprise de la ville pilote Sphères qui doublerait son nombre d’habitants dans l’opération. Ainsi, Hope allait passer d’un million à quatre millions d’habitants.

Parveen, trente ans, divorcée avec ses trois enfants arriva en mars 2022 dans la nouvelle ville « Energie ». Comme pour Sphères, la ville était en pleine construction et ses nouveaux habitants devaient vivre, le temps des travaux, dans une ville temporaire. Dans l’amphithéâtre de bienvenue, Parveen rencontra Feruza, la petite sœur de Jasur, qui l’invita à boire le thé dans sa chambre. Leur rencontre était assez improbable car Parveen était hindoue, avait trois enfants, un faible niveau d’éducation et un physique magnifique quand Feruza était une jeune pucelle musulmane de seize ans, à l’intelligence très vive et au physique moyen avec des jambes courtes et un léger duvet au dessus de sa bouche. Pourtant leur amitié naissante était sincère et Feruza se mit à poser quelques questions en servant le thé :
- Pourquoi as-tu décidé de venir à Hope ?
- J’avais une maison d’hôte en Inde où je recevais des touristes qui voulaient vivre chez l’habitant. Des étudiants français m’ont présenté la plaquette décrivant Hope et j’ai été sensible à l’hygiène et à l’éducation des enfants. Les miens ont entre neuf et douze ans et depuis que leur père nous a abandonnés pour suivre une allemande, je n’avais plus les moyens de les envoyer à l’école. J’ai aussi des raisons plus personnelles car je continuais à vivre dans la famille de mon ex-mari où je devais m’occuper de sa mère qui me tenait pour responsable du départ de son fils. Elle était toujours derrière mon dos à geindre ce qui faisait fuir les hommes qui auraient voulu se marier avec moi. Hope me permet de recommencer ma vie et j’espère retrouver un mari. Et toi, pourquoi es-tu venue à Hope ?
- Mon frère Jasur est arrivé il y a trois ans. Il a réussi à convaincre mes parents de me faire venir pour poursuivre mes études. D’après mes professeurs, je suis surdouée et mon frère est persuadé que je pourrais m’épanouir à Hope. Je vais vivre avec lui et comme il est le nouveau commissaire de police de la ville, il a déjà son appartement à « Energie ». Après les tests de français, je pourrais le rejoindre. Je t’inviterai quand je serai installée.

Un mois plus tard, Parveen avait un travail de caissière au cinéma et elle avait commencé des études pour devenir comptable. Elle travaillait ses cours, dispensés à son domicile par une jeune retraitée française, entre les séances de cinéma. Ses enfants avaient rejoint l’école hopienne mais comme ils ne parlaient pas français, ils devaient d’abord suivre un cursus de six mois pour apprendre cette langue. C’est à cette période où Parveen avait trouvé ses marques que Feruza la rappela pour l’inviter à une réception organisée chez son frère. Quand Jasur accueillit Parveen, il marqua une pause, subjugué par sa beauté. Elle s’était maquillée avec goût, faisant ressortir ses yeux noirs malicieux et pétillants, son sari brodé main tombait parfaitement sur ses frêles épaules et laissait deviner la rondeur de ses seins. Ses longs cheveux noirs étaient cachés, mais on pouvait voir ses jolies boucles d’oreille en triangle qui s’associaient gracieusement à l’éclat de son sourire. Jasur reprit vite possession de lui-même et lui présenta les invités. Il y avait notamment Sarvar, son ami Ouzbek qui avait finalement trouvé un poste de plombier.

Jasur qui était fasciné par la distinction de Parveen, vint lui parler pendant la soirée. Elle lui demanda ce qu’il faisait dans la vie.
- Je suis le commissaire de la ville. A Sphères, j’ai été entraîné par Aurélien Vaucresson et Roger Berthelot, deux commissaires français en charge de la formation de la police de Hope. J’ai été le mieux noté de tous mes collègues et à 28 ans, je suis le plus jeune commissaire en fonction. Je dois désormais organiser la police de cette nouvelle ville et dénicher les futurs commissaires lorsque Hope s’agrandira de nouveau avec la construction de douze nouvelles villes.
Parveen dont le français était encore approximatif ne comprenait pas tout et la conversation se poursuivit en anglais. Elle lui expliqua sa vie, sans lui parler de ses trois enfants pour ne pas l’effrayer. Elle ne le trouvait pas vraiment beau mais elle était fascinée par son uniforme, sa prestance et à la façon dont il se comportait avec sa petite sœur, elle pensait qu’il ferait un bon père pour ses enfants. A la fin de la soirée, elle le salua avec son plus beau sourire en lui disant qu’elle aimerait beaucoup le revoir.


Article rédigé par: Julien Bourlon le 09/06/09
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