Un phare dans l'océan

Interactions entre les habitants de Hope et les français


Le week-end suivant, Jasur décida d’aller se promener à la campagne pour s’échapper de la ville en travaux. Il partit avec Jason qui s’était séparé de Julianna. « Bonne au pieu mais rien dans la tête » lui expliqua l’américain pour justifier qu’il convoitait de nouvelles filles.

Sphères était séparée de la campagne française par un périphérique autoroutier. Une vingtaine de ponts permettaient de quitter la ville à pied et quatre routes sortaient du périphérique pour rejoindre le réseau routier français. On pouvait également quitter la ville en TGV pour rejoindre Paris en moins d’une heure et demie. Jasur et Jason rejoignirent la France par un des ponts pédestres où ils durent s’arrêter au poste de contrôle. Dans la vidéo de bienvenue, ils avaient été avertis que l’on pouvait quitter la ville à condition de laisser ses empreintes au poste de douane. Celles-ci avaient été sauvegardées lors de leur arrivée à Hope et avec ce contrôle de quelques secondes effectué à chaque franchissement de frontière, l’état français savait qui entrait et sortait sur son territoire. Ce système fonctionnait très bien avec les piétons mais engendrait le mécontentement des conducteurs de voitures pour lesquelles la fouille du véhicule était systématique. Parfois, ils pouvaient perdre jusqu’à une heure. De même il fallait arriver une demi-heure en avance à la gare pour prendre les empreintes digitales. Marc Couturier avait été contraint de mettre en place ces mesures pour rassurer les français d’éventuelles personnes qui profiteraient d’entrer à Hope pour devenir clandestin en France. Il pensait que c’était stupide car il fallait mieux vivre à Hope en tant que citoyen que vivre en France en tant que clandestin, mais il avait lâché sur ce sujet sur lequel il avait été attaqué durement pendant la campagne présidentielle. Du coup il avait promis de mettre en place une douane très stricte et Jasur et Jason en faisaient l’expérience aujourd’hui. L’ordinateur les reconnut sans problème et ils purent sortir de la ville pour rejoindre une route départementale un peu plus loin.

Ils allèrent jusqu’au village voisin situé à 10 kilomètres en faisant du stop. Yves, un français de 60 ans les fit monter dans sa camionnette. Il avait vu les travaux gigantesques et les sphères sortirent du sol. Comme tous les habitants de la planète, il n’avait rien vu d’aussi immense. Il leur posa de nombreuses questions et Jasur l’invita chez lui pour qu’il puisse voir comment les gens vivaient à l’intérieur des sphères. Yves avait toujours vécu en Creuse et même si cette ville était construite sur les terres de son enfance, il était apeuré par le gigantisme des lieux. Il déclina poliment l’invitation mais par contre, il voulait savoir si les deux jeunes étrangers travaillaient, et surtout, s’ils allaient laisser les habitants originels de la Creuse vivre en paix. Jason pensa qu’il devait être vraiment inquiet car il réussit à se faire comprendre dans son anglais pourtant très primitif. Il le rassurera et lui expliqua que les prix dans les supermarchés de Hope étaient beaucoup moins chers qu’en France. Du coup, il aurait tout intérêt à visiter la nouvelle ville pour gagner en pouvoir d’achat. Yves, en bon campagnard, connaissait la valeur de l’argent et il se sentait presque prêt à vaincre sa peur pour faire quelques économies.

Jason et Jasur furent déçus par ce premier village français. Il n’y avait rien à faire et seuls quelques vieux continuaient à attendre la mort en ce lieu où la télé reste la principale attraction. Yves, après les avoir déposés au bistrot du village, les avait recroisés deux heures plus tard au même endroit. Après leur avoir payé quelques verres, il leur proposa de les ramener à Sphères. L’alcool l’avait enhardi et ses compagnons lui semblaient, somme toute, très sympathiques. En tant que français, il pouvait entrer et sortir dans la ville nouvelle en montrant simplement sa carte d’identité. Il fut choqué par la procédure de prise des empreintes que subirent ses deux jeunes compagnons et trouva ce système injustifié. Après la visite de la seule sphère terminée avec notamment son lac à 25 degrés, Jasur invita Yves à boire le thé chez lui. Il était couleur rouille, très sucré et son goût plut beaucoup au français.
Avant de prendre congé pour rentrer dans sa vieille demeure où rien de nouveau n’arrivait jamais, Yves lâcha
« Attendre 60 ans pour connaître ça, c’est con ! Vous avez de la chance, les jeunes, car dans cette ville, vous allez vous éclater. C’est fou que la France vous donne tout ça, car à moi, elle ne m’a jamais rien donné !» Jasur ne répondit pas puisqu’il savait le français toujours prêt à se plaindre. Pour autant, il ne partageait pas du tout son point de vue car la ville avait été construite par les habitants de Hope et que ceux-ci participeraient aux paiements de la dette sociale des français. De plus, Yves avait beaucoup reçu de la France mais n’ayant jamais comparé sa vie à celle d’un Ouzbek, il ne s’en était jamais rendu compte.

Pendant les deux premières années de Hope et jusqu’à l’élection de son gouvernement, les habitants de Sphères eurent à subir les contrôles aux postes de douanes. La première mesure du ministre des affaires intérieures fut d’obliger tous ses citoyens à se greffer une puce quasi impossible à enlever. Si une personne était absente de manière injustifiée plus d’une semaine, la puce pouvait être activée pour connaître la position de la personne via les satellites et si une personne enlevait sa puce, elle devenait hors la loi. Les français, rassurés par une telle mesure, supprimèrent les postes de douane à la sortie des villes et les habitants de Hope purent enfin sortir de leurs villes pour aller travailler ou tout simplement visiter la France, terre d’accueil de ce nouveau pays, sans être contrôlés. Après trois ans, les français trouvèrent l’utilisation des puces ignoble et tous les habitants de Hope se les virent enlevées. Les années qui suivirent, montrèrent que le nombre de citoyens de Hope devenant immigré clandestin en France fut ridiculement faible et que les hopiens avaient eu à subir les contrôles, puis la puce pour pas grand-chose.


Article rédigé par: Julien Bourlon le 01/06/09
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