Un phare dans l'océan

La double vie de Julien


Au moment de partir, Julien embrassa sa femme.
- Mes deux semaines en Inde vont passer très vite.
- Tu vas me manquer. Appelle-moi quand tu arrives.
Julien la serra dans ses bras, puis il partit après un dernier signe de la main ; mais au moment d’arriver à l’aéroport de Roissy, il bifurqua pour rejoindre une base d’entraînement des services secrets français. Il rejoignait ce centre deux à trois fois par an dans le plus grand secret. Son agence de voyage lui servait de couverture et sa femme ne s’était jamais doutée de rien.
En arrivant dans le parking souterrain, il se remémora la dernière fois qu’il avait tué pour la France. Il avait assassiné un opposant au régime de Djibouti qui avait eu le malheur de vouloir fermer la base militaire française. Le dictateur du pays avait demandé à la France de faire le travail à sa place et c’est Julien qui avait appuyé sur la détente. Un travail facile puisque sa cible avait une maîtresse, il suffisait de l’attendre à son hôtel et de l’abattre. Julien ne se rappelait plus la date de cet événement, mais il savait qu’au même moment le président français critiquait la Chine pour ses actions au Tibet. Quand il avait compris que la dictature de Djibouti contrôlait le trafic de drogue grâce à l’argent versé par la France pour sa base militaire, cette comédie de protestation contre la Chine l’avait fait sourire. Nous opprimions le peuple de Djibouti indirectement en protégeant son dictateur mais peut-être était-ce plus louable que d’opprimer le peuple tibétain directement comme le font les chinois ? Julien n’était pas payé pour se poser ces questions et il décida d’oublier ses états d’âme.

Julien se montra soulagé quand il apprit que ce n’était qu’une mission d’entraînement. Depuis qu’il avait ses deux filles, il pensait parfois arrêter mais ce n’était pas si facile de sortir des services secrets. Alors qu’il s’entraînait au pistolet, il se rappelait son recrutement, qui avait eu lieu une quinzaine d’années auparavant au centre de tir de Villeneuve saint George dans la banlieue parisienne. Il était très bon tireur sachant parfaitement contrôler sa respiration et visant toujours juste. Depuis son recrutement, il avait tué quatre ou cinq fois dans différents pays. Grâce à ses voyages et la formation spéciale qu’il avait reçue, il parlait parfaitement l’anglais et l’arabe. Il connaissait bien les mouvances islamiques car à l’exception de Djibouti, il avait été impliqué uniquement dans des missions de lutte contre le terrorisme musulman. Il avait même étudié le Coran avec des Imams pour essayer de comprendre la mentalité de ses cibles. Suite à son mariage, il avait été progressivement mis en retrait mais il savait qu’on le rappellerait si nécessaire.


Article rédigé par: Julien Bourlon le 30/05/09
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